Tap, tap, tap, tap, tap… les bras en l’air, le torse en avant et mes jambes qui n’ont plus de freins. Mes pieds donnent la cadence : tap, tap, tap… quelle joie ! Je me sens invincible ! J’aime entendre le son de mes pas qui courent, c’est nouveau, ça accompagne mon exploration. Je devance mes parents. Avec leurs grandes jambes et leurs grands pieds ils font moins de bruit mais ils avancent plus vite. Tap, tap, tap… je m’arrête, je me retourne, tout va bien, ils sont encore là, ils me suivent, m’observent, sont là en cas de besoin. J’entends leurs voix derrière moi, je ne sais pas ce qu’ils disent, ça ne m’intéresse pas, pas pour l’instant. Pour le moment : tap, tap, tap, tap… tout ce qui compte c’est d’avancer aussi vite que je puisse, aussi loin que mes jambes me portent sans tomber. Il y a un vent léger sur mon visage, c’est doux. J’entends mon prénom, je sens vaguement le danger dans la voix de maman, elle répète mon prénom. Tap, tap, tap, les pas de papa s’accélèrent. La route
devant moi change de forme, c’est rigolo, il y a plus de bruit d’un coup aussi. Est-ce que papa me cours après pour jouer ? Mes pieds ne touchent plus sol, il m’a attrapé, ça me fait rire mais pas lui visiblement, il a le visage fermé. Il me montre le nouveau chemin et les voitures qui font du bruit et me dit que c’est dangereux. Avec maman ils ont eu peur, je comprends que je devrai avoir peur aussi. Quand il me cours après ce n’est pas toujours pour jouer alors ?
Je prends la main de papa, nous attendons une lumière et puis un moment après nous passons de l’autre côté, nous retrouvons la route en terre. Tap, tap je reste à côté des grands, tap, tap, tap, qui vont plus vite que moi. La main de papa se détend et puis lâche la mienne. Tap, tap, tap, tap… je repars !